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À la suite des états généraux du numérique pour l’éducation, tenus en novembre 2020, un groupe de chercheurs, mis en place sous l’impulsion d’Alain Cadix, membre du comité enseignement et formation du plan France 2030, a échangé sur les finalités du numérique pour l’éducation en s’interrogeant sur la justification de l’usage du numérique éducatif, sur les conditions et processus d’appropriation des technologies numériques, en particulier l’influence des imaginaires et des représentations. 

Selon Alain Cadix : « Une institution, un système, avancent des justifications au choix d’enseigner pour et avec le numérique, tandis que sur le terrain, c’est à l’acteur de trouver un sens concret à cette nouvelle pratique. Mais pour ce faire, il faut que la finalité apparaisse de manière claire, afin de faire adhérer l’acteur. L’accompagnement peut donc être utile voire indispensable », explique-t-il. 

« La question que l’on peut se poser, c’est “l’institution a-t-elle tiré le meilleur profit possible des études sur l’appropriation des nouvelles technologies ?” S’est-elle seulement penchée sur ce sujet ? »Alain Cadix souligne que toute cette stratégie de développement du numérique à l’école s’insère dans un climat social à la fois global et local. En effet, le numérique est présent partout et avec lui, la société se transforme. D’après l’ingénieur, il appartient donc à l’Éducation nationale de créer un contexte favorable au numérique pour l’éducation. « Chaque niveau va avoir une influence sur l’engagement, la compréhension des objectifs par les acteurs », précise-t-il.

Jusqu’à présent, plusieurs justifications étaient avancées pour pousser l’usage du numérique dans les établissements scolaires :

• le numérique favorise l’apprentissage. Cette idée a toutefois été contestée par des rapports de l’OCDE. D’autres enseignements, d’autres études, disent que le numérique peut être positif mais que la situation est extrêmement variable en fonction de la façon dont il est utilisé ; 
• le numérique permet des évaluations régulières des élèves. Elles peuvent notamment se faire par quizz, mais là aussi Alain Cadix en souligne les limites, car cette méthode ne permet pas de cibler aussi bien les problèmes de fond rencontrés par les élèves ;
• le numérique favorise la pédagogie personnalisée, différenciée ; 
• le numérique libère les enseignants de certaines tâches et favorise leur formation. « C’est vrai si on prend le cas des ENT, par exemple », détaille l’ingénieur. « Mais, souvent, les conditions de mise en œuvre pratique du numérique en classe ne sont pas optimales. Cela entraîne donc d’autres tâches pour les enseignants, qui doivent faire en sorte que tout fonctionne. La formation est donc absolument essentielle ! ».

Ces justifications ont donc de nombreuses variables.

Depuis les derniers états généraux du numérique, en 2020, de nombreuses actions ont eu lieu. Plusieurs grands plans d’action ont été mis en œuvre par l’État, dont les Territoires Numériques Éducatifs, les TNE. 

La DNE a aussi défini des axes pour clarifier les justifications du numérique à l’école. Pour Alain Cadix, « la question faîtière, c’est “dans une société profondément transformée par le numérique, quelle place et quels rôles pour l’École ? Quels usages ? ». « La réponse politique à cette question est déterminante car elle détermine tout ce qui suit », détaille-t-il.

« Il ne faut pas mélanger les usages parfois mauvais, dangereux des usages numériques en dehors de l’école que ce qui se fait dans l’école ». En effet, ce thème des usages a un impact sur la vision globale du numérique, qui revêt parfois un caractère négatif à cause de mauvais comportements. 

Alain Cadix souligne justement que l’école doit être l’endroit où développer des usages pertinents de cette technologie. « Un vrai travail de formation et de pédagogie doit être réalisé là-dessus », conclut-il.